13, rue des Tulipiers
81200 AUSSILLON
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TEL: 05 63 61 25 03 GRANDE CHANCELLERIE
DE LA LEGION D’HONNEUR
1 rue Solferino
75007 PARIS
Aussillon, le 6 avril 2016
OBJET : Instruction disciplinaire
Messieurs,
Le Général espagnol Francisco FRANCO BAHAMONDE, né le 4/12/1892 à Ferrol et décédé le 20/11/1975 à Madrid, a été nommé par votre Chancellerie Officier par décret du 22/2/1928 et Commandeur le 26/10/1930 sur proposition du Ministre des Affaires Etrangères (protocole) en tant que directeur de l’Académie générale militaire de Saragosse.
Durant la guerre d’Espagne (1936-1939) il a été nommé Commandant en chef de l’armée nationaliste à l’origine du coup d’Etat contre le gouvernement démocratiquement élu de la II° République. Par la suite et jusqu’à sa mort il dirigera un régime politique dictatorial avec le titre de Guide de l’Etat. Il devint ainsi non seulement le chef de la structure de commandement de l’armée mais aussi dirigeant suprême de l’Espagne nationaliste et par conséquent coupable des actes commis sous son autorité.
Pour étayer ce raisonnement, s’il en était besoin, je joins à la présente copie de certains documents :
. Résolution 39 (1) du 12/12/1946 de l’Assemblée Générale des Membres des Nations Unies par laquelle l’Assemblée Générale concluait que le régime franquiste était un régime fasciste calqué sur les «Puissances de l’Axe».
. Recommandation 1736 du 17/03/2006 de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui stipule la nécessité de condamner le franquisme au niveau international pour les multiples et graves violations des droits de l’Homme commises en Espagne par le régime franquiste de 1939 à 1975 et fixe la journée du 18 Juillet 2006 comme «Journée officielle de condamnation du régime de Franco».
. Chroniques Internationales qui dans l’Art. 6 du Statut du Tribunal de Nuremberg, paragraphe ©, traite de la définition des crimes contre l’Humanité, laquelle est d'application aux actes commis par le Général Franco contre des centaines de milliers de civil pendant la guerre et les40 ans de dictature. L’existence de nombreuses fosses où sont ensevelis des centaines de milliers d’opposants au régime ou considérés comme tels sans aucune forme de procès, les milliers d’enfants volés aux femmes républicaines, l’esclavage, l’épuration, la déportation vers les camps d’extermination nazis en particulier Mauthausen où plus de 7000 républicains seront exterminés, y témoignent.
Ces actes commis sous l’autorité de Franco vont à l’encontre des idéaux républicains qui inspirent notre nation et sont, de plus, contraires à l’honneur de votre Grande Chancellerie. Par conséquent, je demande à votre Conseil de discipline de lui retirer cette décoration.
A l’heure où les instances dirigeantes espagnoles retirent les distinctions au Dictateur et effacent dans l’espace public les références au franquisme et que la France honore les combattants républicains de la 9° compagnie qui sous les ordres du Général Leclerc ont libéré Paris le 24 août 1944, effacer le nom de ce Dictateur, même à titre posthume, aurait au-delà de la nature symbolique, une valeur de reconnaissance historique.
Dans l’espoir que ma requête, à laquelle s’associent plusieurs associations défendant la mémoire historique, recevra votre meilleure attention et dans l’attente de votre décision, je vous prie de croire, Messieurs, à l’expression de ma haute considération.
Jean OCANA - ancien Consul Honoraire d’Espagne – Croix de Chevalier du Mérite Civil Espagnol.