par Jean Lebrun
du lundi au vendredi à 13h30
l'émission du lundi 7 septembre 2015
L’accueil des réfugiés espagnols en France 1938-1940
Annonce du sauvetage des 120 réfugiés républicains espagnols qui étaient à bord du chalutier "Huerta" en 1937 © domaine public - 2015
En 1930, 350 000 espagnols travaillaient en France, surtout dans le Midi. Béziers est ainsi une vieille ville espagnole. Mais cette immigration faisait souvent l’aller-retour, tournait comme une noria.
Depuis le début de la guerre civile en 1936 et la prise du pays basque, la France avait aussi vu arriver quelques dizaines de milliers de réfugiés.
L’évènement de février 1939 est d’une autre ampleur. La Catalogne républicaine, à son tour, a cédé. Un afflux inouï de personnes sur un tout petit segment de territoire. Une pression bien plus forte que celle que connaissent aujourd’hui les frontières européennes.
L’opinion était mal disposée à comprendre. Depuis l’installation de la « Grande crise », elle s’était facilement habituée à voir renvoyer dans leurs pays les travailleurs immigrés surnuméraires : les Polonais ont ainsi été nombreux à être chassés des mines du Nord. À contre-courant du climat économique, arrivaient les réfugiés politiques du nazisme… Une conférence s’était tenue sur leur sort, à Evian l’été 1938. Les quatre ou cinq pays d’Europe qui pouvaient se prévaloir d’une tradition d’asile s’y étaient refusé à fixer des quotas d’accueil, laissant ce soin, éventuellement, à l’Amérique latine. Leur justification, aux uns et aux autres ? L’opinion, chauffée à blanc par la presse d’extrême droite, ne l’aurait pas accepté.
Et voilà, soudain, que l’effondrement des républicains espagnols provoquait une vague énorme. La France s’était abstenue de soutenir militairement ceux qui étaient maintenant vaincus. Et il fallait, sans préparation, à la pire saison, faire face à l’urgence absolue.