Constituant l'une des annexes extérieures d'Auschwitz, le camp de Jawischowitz a été ouvert le 15 août 1942 après avoir été construit durant les six premiers mois de la même année par des équipes de prisonniers véhiculées quotidiennement par camion depuis Birkenau.
Ce camp était une commande, en somme, de la société Hermann-Göring Werke et avait comme finalité d'exploiter les mines de charbon de Brzeszcze et de Jawischowitz.
Dès lors, explique l'auteur de cette étude, il bénéficiait de certains avantages : un environnement coquet, un hôpital, un local de désinfection et des douches d'eau chaude. Il y avait même, les premières semaines, des lits métalliques à deux étages garnis de draps et de couvertures. Et l'on parlait d'un salaire en marks !
Cela n'empêchera pas une surveillance stricte et, finalement, comme le racontent les 47 témoins, parmi lesquels Henri Krasucki, futur secrétaire général de la CGT, dont les récits sont fragmentés tout au long du livre, Jawischowitz sera, à l'instar de toutes les structures pénitentiaires du système concentrationnaire nazi, un camp de la mort. Avec les kapos, les maladies, le froid, la dénutrition, les accidents du « travail » et, au bout du rouleau infernal, la chambre à gaz. Le « confort » inattendu des premiers jours se révélera être, rapidement, une tromperie.
Les premiers déportés juifs portaient les matricules de la série 58 000 et avaient été extraits des camps du Vernet, de Gurs, de Noé et du Récébédou. La plupart étaient des militants de gauche, communistes et trotskistes, des antifascistes, d'anciens résistants ou encore des brigadistes de la Guerre d'Espagne.
Venus de toute l'Europe et sélectionnés pour leur vigueur supposée, quelque 6 000 déportés vont littéralement s'épuiser. Les plus fragiles, 3 800, mourront d'épuise