Publié sur le site du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
Il y a 72 ans, la maison du docteur Frédéric Dugoujon, paisible bâtisse aux murs couverts de vigne vierge à Caluire-et-Cuire, fût le théâtre du tragique épisode qui devait jeter Jean Moulin dans les griffes de Klaus Barbie.
Nous sommes le lundi 21 juin 1943. Ce jour-là, en début d’après-midi, les principaux responsables militaires des organisations de Zone Sud se rendent, en ordre dispersé, au rendez-vous convenu Place Castellane (Place Gouailhardou aujourd’hui).
C’est André Lassagne, un jeune et brillant enseignant ami du docteur, qui a réglé les détails de cette importante réunion, où doit se décider la nomination du remplaçant du général Delestraint, chef de l’Armée secrète, arrêté quelques jours auparavant à Paris.
Tout concourt, semble-t-il, à faire de la villa du docteur Dugoujon le cadre idéal à cette rencontre : le lieu est isolé, d’accès facile ; il comporte une issue par l’arrière, le cabinet médical n’attire guère l’attention.
Dès 13h30, les premiers arrivants poussent la grille du jardin de la maison. La gouvernante du docteur les accueille. Cinq d’entre eux sont conduits au premier étage, à l’énoncé de la phrase convenue : « Nous venons de la part de Monsieur Lassagne ».
Il y a là :
André Lassagne, adjoint du général Delestraint pour la Zone Sud (rentré de déportation)
Bruno Larat, chef national des opérations de parachutage et d’atterrissage (mort en déportation),
Albert Lacaze, récemment intégré à l’Etat-major de l’Armée secrète, incarcéré puis relâché en juin 1944, en même temps que le docteur Dugoujon,
Henry Aubry, chef de cabinet du général Delestraint, incarcéré puis relâché à la fin de l’année 1943,
René Hardy, alias Didot, membre du mouvement Combat, responsable du NAP-Fer, qui coordonnait les sabotages ferroviaires, mandaté par Pierre Bénouville pour le remplacer à cette réunion.
Les trois derniers participants accusent un retard de 45 minutes :
Jean Moulin, le représentant du général de Gaulle, arrivé au rendez-vous sous l’identité de Jacques Martel,
Emile Schwarzfeld, chef du mouvement « France d’abord », pressenti par Jean Moulin pour succéder au général Delestraint à la tête de l’Armée secrète (il mourra en déportation),
Raymond Aubrac, chef des groupes paramilitaires du mouve
http://www.crif.org/fr/actualites/21-juin-1943-l%E2%80%99arrestation-de-jean-moulin/56105