Le Cercle Jean Moulin saisi par des Citoyens de Troyes quant à la Maison Fernand Doré, écrit au Sénateur Maire Baroin

A Mâcon,

05 mai 2015

Monsieur le Sénateur-Maire,

Le Cercle Jean Moulin a été saisi par des Citoyens habitant Troyes et son agglomération, de votre volonté de fermer la maison Fernand Doré pour des raisons de sécurité.

Pour le CJM, la Maison Fernand Doré ne doit pas disparaitre. En effet, les récentes informations dont nous disposons nous laissent  craindre le pire pour cette maison où furent martyrisés par la Gestapo des Résistants, mais aussi des quidams raflés simplement parce qu’ils furent au mauvais endroit au mauvais moment, ou du fait de dénonciations calomnieuses. « Un panneau installé sur la place des déportés et des internés à proximité du jardin de la Vallée Suisse précise que dans cette maison  furent martyrisés par la gestapo des résistants, patriotes… ». Cette maison se trouve à l’angle du Boulevard Gambetta et de la rue Diderot ; mais est-il vraiment besoin de le préciser, à vous dont nous savons l’attachement particulier à la ville, à votre ville ? 

Nous connaissons votre amour pour la France, pour l’histoire de France en général et celle de la seconde guerre mondiale en particulier, et à Troyes par un attachement quasi filial. Nous n’imaginons pas que vous puissiez faire l’impensable, c’est-à-dire laisser aller à la destruction ce bâtiments historique, et surtout pas pour des questions de marché immobilier.

Nous vous demandons donc de tout faire pour empêcher sa destruction, mais aussi de mettre en place l’ensemble des mesures pour réhabiliter ce bâtiment que l’on peut qualifier « d’historique (1)» et « d’artistique (2) du fait de son passé.

Le Cercle Jean Moulin restera vigilant quant aux suites que vous donnerez et à notre courrier et au bâtiment lui-même, et fait parvenir le présent courrier en copie à d’autres organisations mémorielles  nationales, telles que la FNDIRP et l’ANACR.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Sénateur – Maire, l’expression de ma considération la plus distinguée.

PJ : différentes photos qui nous ont été transmises par les personnes qui nous ont alertés.

1 Cette maison léguée gratuitement à la ville en 1922 possède un riche passé artistique lié à l’art musical et théâtral. La salle Fernand Doré dispose en outre de qualités acoustiques indéniables (dues à une conception technique particulière) reconnues par tous les utilisateurs musiciens ou comédiens.

2 Pendant la période de l’occupation la gestapo a interrogé, torturé de nombreux Résistants, hommes et femmes. Certains vivent encore dans notre département et peuvent en témoigner.

Comments

[Pierre Benoit]

Cher Monsieur,
j'ai lu avec intérêt et ravissement ce que vous avez publié ce jour sur la Maison Doré et ne puis que vous en remercier vivement.
J'y ajoute le texte du courrier envoyé hier au maire adjoint de la cité, chargé de la culture.




Troyes, le 6 mai 2015





A l’attention de Monsieur Marc Sebeyran, mairie de Troyes.
Objet : Maison Doré



Monsieur,

Ayant constaté qu’enfin la ville s’était décidée à remettre les drapeaux tricolores sur la maison Doré, il m’importe de vous écrire. Cela me permettra également de vous communiquer les commentaires et réactions des membres de l’association DSP que je préside. J’y adjoins aussi des réactions externes au groupe.

De prime abord certain s’étonnent, à juste titre, du fort long temps mis par la commune pour replacer les drapeaux tricolores.
A ceux là, j’ai fait savoir que, peut être, ces drapeaux municipaux ne seraient pas cisaillés avant d’être volés, comme le furent ceux que nous avions posés.

D’autres s’offusquent, on ne peut que les comprendre, de voir disparaître souvent les fleurs déposées chaque semaine par nos soins devant la maison Doré, alors même que les gerbes municipales sont respectées. La ville de Troyes est-elle obligée de tant économiser au point de ne pas honorer cette maison où tant ont souffert pour notre liberté ? Des économies sur les sommes allouées aux membres des commissions municipales permettraient de trouver de quoi fleurir. Dans notre ruralité auboise, les membres de ces commissions y participent gracieusement.

Des tiers m’ont évoqué nos affichages protégeant les murs de la pluie. A ceux là, j’ai également précisé que nos études historiques furent effectuées bénévolement, prouvant que le conservatoire (32 boulevard Gambetta) de musique, dirigé par Amable Massis y logeant avait été occupé par la Gestapo. Cette dernière y avait pratiqué la torture, au moins jusqu’en septembre 1943. Notre étude historique que l’on pourrait chiffrer à près de six mille euros (HT), est un cadeau à la ville. C’est tout autant une information à porter à la connaissance des troyens.

En ce qui concerne la stèle dont m’a parlé votre technicien municipal, il apparaît qu’elle devrait au moins porter les deux adresses où sévissaient les tortionnaires : 32 et 34 boulevard Gambetta. Faute de quoi, le visiteur serait porté à croire, ce à juste titre, que la torture se pratiquait à tout va sur le boulevard, entre deux rencontres avec les dames y tapinant.
Et puis, avouez le, quelle imbécillité d’y occulter les juifs de tous âges ayant souffert dans ce conservatoire. C’est d’autant plus grave que certains d’entre eux, mélomanes, avant guerre avaient participé à la réalisation de cette salle léguée gracieusement à la ville.

Enfin, que veut faire notre cité, pas encore au patrimoine mondial de l’UNESCO, de la Maison Doré que Troyes a laissé se dégrader au point d’en imposer la fermeture. J’attends toujours réponse sur ce point à mon dernier courrier du 31 mars 2015. Cette incurie chronique va t-elle perdurer au point de nécessiter la prise d’un arrêté de péril pour ce lieu ?

Monsieur Sebeyran, quand la mort en son temps vous aura fauché, certains peut-être proposeront votre nom pour une place ou une rue dans la cité. Faites en sorte que des détracteurs, esprits chagrins, ne puissent ternir cette noble idée au motif qu’une délégation de pouvoir avait mal été assumée par un chef de service.
Amable Massis n’a pas encore son conservatoire, mais vous auriez votre rue. Quelle gloire posthume!

Recevez, Monsieur, l’expression de ma plus haute considération.



Pierre Benoit




Avec mes remerciements encore.




Troyes, le 6 mai 2015





A l’attention de Monsieur Marc Sebeyran, mairie de Troyes.
Objet : Maison Doré



Monsieur,

Ayant constaté qu’enfin la ville s’était décidée à remettre les drapeaux tricolores sur la maison Doré, il m’importe de vous écrire. Cela me permettra également de vous communiquer les commentaires et réactions des membres de l’association DSP que je préside. J’y adjoins aussi des réactions externes au groupe.

De prime abord certain s’étonnent, à juste titre, du fort long temps mis par la commune pour replacer les drapeaux tricolores.
A ceux là, j’ai fait savoir que, peut être, ces drapeaux municipaux ne seraient pas cisaillés avant d’être volés, comme le furent ceux que nous avions posés.

D’autres s’offusquent, on ne peut que les comprendre, de voir disparaître souvent les fleurs déposées chaque semaine par nos soins devant la maison Doré, alors même que les gerbes municipales sont respectées. La ville de Troyes est-elle obligée de tant économiser au point de ne pas honorer cette maison où tant ont souffert pour notre liberté ? Des économies sur les sommes allouées aux membres des commissions municipales permettraient de trouver de quoi fleurir. Dans notre ruralité auboise, les membres de ces commissions y participent gracieusement.

Des tiers m’ont évoqué nos affichages protégeant les murs de la pluie. A ceux là, j’ai également précisé que nos études historiques furent effectuées bénévolement, prouvant que le conservatoire (32 boulevard Gambetta) de musique, dirigé par Amable Massis y logeant avait été occupé par la Gestapo. Cette dernière y avait pratiqué la torture, au moins jusqu’en septembre 1943. Notre étude historique que l’on pourrait chiffrer à près de six mille euros (HT), est un cadeau à la ville. C’est tout autant une information à porter à la connaissance des troyens.

En ce qui concerne la stèle dont m’a parlé votre technicien municipal, il apparaît qu’elle devrait au moins porter les deux adresses où sévissaient les tortionnaires : 32 et 34 boulevard Gambetta. Faute de quoi, le visiteur serait porté à croire, ce à juste titre, que la torture se pratiquait à tout va sur le boulevard, entre deux rencontres avec les dames y tapinant.
Et puis, avouez le, quelle imbécillité d’y occulter les juifs de tous âges ayant souffert dans ce conservatoire. C’est d’autant plus grave que certains d’entre eux, mélomanes, avant guerre avaient participé à la réalisation de cette salle léguée gracieusement à la ville.

Enfin, que veut faire notre cité, pas encore au patrimoine mondial de l’UNESCO, de la Maison Doré que Troyes a laissé se dégrader au point d’en imposer la fermeture. J’attends toujours réponse sur ce point à mon dernier courrier du 31 mars 2015. Cette incurie chronique va t-elle perdurer au point de nécessiter la prise d’un arrêté de péril pour ce lieu ?

Monsieur Sebeyran, quand la mort en son temps vous aura fauché, certains peut-être proposeront votre nom pour une place ou une rue dans la cité. Faites en sorte que des détracteurs, esprits chagrins, ne puissent ternir cette noble idée au motif qu’une délégation de pouvoir avait mal été assumée par un chef de service.
Amable Massis n’a pas encore son conservatoire, mais vous auriez votre rue. Quelle gloire posthume!

Recevez, Monsieur, l’expression de ma plus haute considération.



Pierre Benoit

[Cercle Jean Moulin]

un grand merci à vous pour ce complément et pour la Mémoire