Dans un billet publié sur ce carnet, Aurélien Bernier a répondu àcertaines de mes critiques, et en a accepté d’autres, donnant ainsi un exemple rare d’ouverture au débat. Je voudrais ici le poursuivre sur un point qui me semble essentiel. Ce n’est pas l’analyse discordante (ou peut-être complémentaire) que nous faisons du tournant « européiste » du PCF. Je pense que, si désaccord il y a, il doit plus à une différence de perspective qu’à des problèmes de fond. Aurélien Bernier est venu à la politique au tout début des années 1990, je suis pour ma part venu à la politique en 1968. Ces différences de dates expliquent pour une bonne part la différence des sensibilités. Ce n’est pas, non plus, sur le poids qu’a pu exercer sur l’extrême-gauche l’idéologie de Lutte Ouvrière. J’ai, personnellement, tendance à penser qu’elle fut plus limitée que ce qu’il affirme, mais ceci est un point que de futurs historiens trancheront (s’il a eu l’importance qu’Aurélien Bernier lui accorde…).
Par contre, je voudrais revenir sur l’analyse qui est faite du Front national. Je persiste à penser que l’usage du terme « national-socialiste » pour qualifier la nouvelle « ligne » du Front national est une erreur à la fois historique, théorique et politique.
Disons tout d’abord que le succès d’Hitler ne fut pas dû au seul NSDAP, mais à la capacité du NSDAP de réunir puis d’hégémoniser une alliance allant du conservatisme traditionnel – représenté par Fritz Von Papen ou Hermann Rauschn