"Jean Moulin, lettre à un inconnu"

C'est en 1977 sur le plateau des « Dossiers de l'écran », d'Armand Jammot, que Daniel Cordier a renoncé à sa profession de marchand de tableaux pour plonger dans l'océan des archives. Il y avait là Henri Frenay, le dirigeant du mouvement Combat. Frenay avait accusé Jean Moulin d'avoir été crypto-communiste, voire un agent soviétique. Et Daniel Cordier, bouleversé, n'avait pas su lui répondre. Il s'était indigné, il avait protesté. "J'étais sûr que ces accusations étaient sottes et infondées, compte tenu des convictions de cet homme, de sa rigueur morale. Mais je n'avais pas les pièces à conviction sous la main." Auréolé par son passé, Henri Frenay avait pris Daniel Cordier de haut : "Il ne vous a pas tenu au courant ! Mon pauvre Cordier, je ne veux pas vous faire de la peine, mais pour Jean Moulin vous étiez l'intendance !" 

"Je suis rentré chez moi, raconte Daniel Cordier, j'ai regardé sa photographie, je voulais savoir. Je me suis demandé malgré tout : et si Frenay disait la vérité ? C'était affreux. Je ne peux pas dire que j'ai douté, mais je me suis interrogé. Jamais je n'ai pensé que j'allais y passer toute la fin de ma vie."  Avec cet admirable aveu qui fonde la confiance, Cordier place son destin sous le signe de la rigueur intellectuelle. La recherche du vrai, pour lui, n'est pas une figure de style mais une nécessité existentielle.

On sait combien les dernières années de la vie d'un Paul Celan ont pu être assombries par une rumeur infamante. De la même insidieu

http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20130613.OBS3270/jean-moulin-lettre-a-un-inconnu.html