/http%3A%2F%2Fwww.marianne.net%2Fphoto%2Fart%2Fdefault%2F967121-1144821.jpg%3Fv%3D1365170503)
Il raconte qu'un soir de 1988, revenu à Dien Bien Phu dont il avait filmé l'agonie avant d'être fait prisonnier et de s'évader trois mois plus tard des camps du Vietminh, il les avait retrouvés : «J'ai senti autour de moi une armée morte, qui était non seulement mes camarades de combat, parmi lesquels il y avait des musulmans, des Marocains ou des Algériens, mais aussi tous ces jeunes Vietnamiens qui étaient morts. Je les sentais tous autour de moi. C'était très impressionnant. Ce n'était pas une angoisse, c'était une sorte d'inquiétude.»
Dans ce livre d'entretiens avec le grand reporter de Paris Match Patrick Forestier, l'écrivain et réalisateur, décédé il y a un an à l'hôpital militaire de Percy, le 14 mars 2012, se raconte en toute humilité. Il aurait pu, avec les années et les honneurs, devenir un de ces sphinx inaccessibles et un peu aigris, ressassant leurs souvenirs pour eux-mêmes. Il n'en a jamais rien été.
Ses livres et ses films, classiques qui ont suscité nombre de vocations de reporters, d'aventuriers et de soldats, de la 317e Section à l'Adieu au roi en passant par Là-haut, le Crabe-Tambour et la Section Anderson, documentaire oscarisé en 1968, sont nés de sa propre expérience, qu'il a toujours voulu transmettre, suscitant des amitiés et des fidélités sans faille.
Comme on le savait déjà, cette expérience s'est construite sur des envies et des rêves dont l'origine se trouve dans les livres : Conrad, Kessel, Hemingway, Monfreid... On découvre ainsi les années de jeunesse, les premiers embarquements en mer du Nord, le goût de l'effort et la naïveté confrontée à la mort, la naissance de ce «mal jaune» qui ne le quittera jamais plus.
Dommage que l'échange soit parfois parasité par des digressions de Patrick Forestier qui, désireux de se raconter lui aussi, ne nous épargne pas ses considérations sur le «politiquement correct» et la «bien-pensance» pour dé