
Après avoir étudié en quoi la monnaie unique européenne n’a pas tenu ses promesses et qu’elle
est surtout un moyen de contraindre les européens à accepter une Europe fédérale, il faut étudier pourquoi cette monnaie unique ne marche pas, comme l’annonçait
beaucoup d’économistes il y a 20 ans.
Pourquoi la zone euro ne peut pas marcher
Pour être honnête, le mythe de l’euro peut être séduisant : des pays qui
se faisaient la guerre unissent leurs monnaies, pour la paix, pour leur prospérité et pour davantage peser dans un monde dont les équilibres changent. Tout d’abord, on peut
douter que la monnaie soit un facteur de paix. Ensuite, il faut bien constater que question prospérité, la zone euro va mal. Certes, les Etats y sont endettés, mais pas plus
qu’ailleurs, ce qui démontre qu’il y a un problème spécifique.
Et ce problème spécifique, c’est justement le fait d’avoir une
monnaie unique pour des pays différents. En théorie économique, on dit qu’une monnaie doit correspondre à une Zone Monétaire Optimale selon les théories de Robert
Mundell. Il y a trois critères majeurs : l’existence d’un budget commun important, la mobilité des travailleurs et l’homogénéité économique. Ces trois critères existent
à l’échelle de la France ou des Etats-Unis ou de tous les autres Etats-nations.
En revanche, par un seul n’est vérifié à l’échelle de la zone euro. Le budget
commun est faible, les travailleurs sont 90% moins mobiles qu’à l’échelle des Etats-Unis selon une étude rapportée par The Economist et il n’y a pas d’homogénéité
économique dans un espace aussi divers, que ce soit au niveau des SMIC (qui varient de un à cinq) ou des acteurs économiques, qui restent très nationaux. Bref, ce n’est pas
pour rien que les monnaies sont nationales en général.
Pire, comme l’explique Paul Krugman, le fait d’avoir une seule monnaie a tendance à faire diverger
les économies au lieu de les faire converger. Paradoxalement, il serait plus simple de rapprocher les économies européennes avec des monnaies distinctes. Comme Jean-Jacques Rosa l’explique, le fait
d’avoir une seule monnaie impose une politique unique qui a tendance à renforcer ceux qui vont bien et affaiblir ceux qui vont mal, accentuant les différences au lieu de les
résoudre.
Les cercles vicieux de la monnaie unique
Le fait d’avoir une seule monnaie pour des pays aussi différents pose de nombreux problèmes. De manière triviale, cela revient à imposer une pointure unique (un 40 par exemple) à des personnes qui ont des pointures différentes (de 36 à 45). Dans les années 2000, la politique monétaire de la BCE
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