Le bonapartisme est-il compatible avec la démocratie (directe, la vraie) ? Le grand homme, l’homme providentiel, peut-il y émerger ? Le peuple est-il capable de se gouverner lui-même, ou lui faut-il un héros, un homme fort à sa tête ? Cet homme peut-il être infaillible, incorruptible, et entièrement dévoué à la cause du peuple ?
Cette grande question a été posée à Étienne Chouard, penseur moderne de la démocratie directe par tirage au sort. Voici sa réponse où il tente de concilier ces deux visions. L’homme fort ? Oui, mais pas sans garanties !
►Étienne Chouard
Bien sûr qu’un despote éclairé serait
une bonne solution, mais à la stricte condition que soit garantie la lumière toujours bien allumée.
Et c’est bien là que le bât blesse, et depuis des milliers d’années ! Alors des milliers d’années d’échecs, des milliers d’années à constater que toujours et partout LE POUVOIR CORROMPT, ça va, on a compris et désormais, on va faire attention, très attention ; on va mettre en place des garanties. Des garanties que Bonaparte ne va pas devenir Napoléon (et conduire, par exemple, « sa » grande armée —et les armées d’en face— à la boucherie).
La démocratie n’est pas du tout hostile aux grands hommes : Athènes a écouté et glorifié un Périclès ou un Démosthène pendant des décennies. MAIS Périclès et Démosthène DEVAIENT PROUVER leur valeur TOUS LES JOURS !
Et c’est bien ça le point : il n’y a pas d’aristocratie qui vaille sans épreuve permanente, je dis bien permanente. Et bien sûr, toute idée d’aristocratie héréditaire est une escroquerie de premier rang, une blague.
Nous consentons aux pouvoirs, mais nous voulons DES GARANTIES. Apparemment, le « bonapartisme », comme le royalisme, n’en donne pas assez.
Souvenez-vous des paroles puissantes de Robespierre à propos de la Constitution :
Les lois constitutionnelles tracent les règles qu’il faut observer pour être libres ; mais c’est la force publique qui nous rend libres de fait, en assurant l’exécution des lois. La plus inévitable de toutes les lois, la seule qui soit toujours |