Publié le 21 janvier 2012 à 18:00 dans Économie
Mots-clés : Euro, Jean-Luc Gréau, Jean-Michel Quatrepoint, Jean-Pierre Chevènement

Photo : chevenement
« Il est important que nous gardions un cap européen, et le souci d’une coopération monétaire européenne ». Ce n’est pas en écoutant Jacques Delors et Valéry Giscard d’Estaing pérorer lundi soir sur BFM-TV que j’ai entendu cette injonction. Cette phrase, c’est Jean-Pierre Chevènement qui l’a prononcée. Vous savez, le « souverainiste », comme on dit depuis que« patriote » est devenu un mot grossier, ou « l’eurosceptique », comme on l’appelle encore. Mais le « sceptique » n’a pas le pessimisme très démonstratif et la récente perte du triple A ne semble pas l’émouvoir plus que cela.
Lundi dernier, donc, cependant qu’on apprenait que S&P continuait à jouer à Des chiffres et des lettres en dégradant la note du Fonds européen de stabilité financière, le candidat Chevènement investissait la maison de l’Amérique Latine, où il réunissait quelques économistes pour évoquer l’avenir de l’euro. Pas sa fin, pas son éradication, pas son trépas. Non, son avenir. Car il s’agissait pour lui d’envisager ce qu’il considère désormais comme inévitable : la mutation de la monnaie unique, et sa transformation en monnaie commune.
Pour réfléchir avec lui, Jean-Paul Fitoussi? Jean-Luc Gréau, Jean-Claude Werrebrouck et Philippe Murer, président de l’association Manifeste pour un débat sur le libre échange, avaient été conviés.
Ces spécialistes, quoique divers et pas toujours d’accord sur tout, ont au moins convenu d’un point : l’Europe est sur le point de connaître une très grave dépression. Peut-être aussi grave, selon Fitoussi, que dans les années 1930. Tous les pays de la zone euro s’appliquent en effet à mener des politiques procycliques qui, parce qu’elles s’additionnent, ne peuvent qu’accélérer la marche vers l’abîme. Or, comment envisager que l’utilisation du chômage et de la protection sociale comme variables d’ajustement des politiques d’austérité puissent conduire à autre chose qu’à une chute vertigineuse de la demande, puis à un plongeon de la croissance ?
Pour certains des clercs présents, l’issue semble donc claire : non seulement l’euro est condamné, mais, faute de temps pour préparer l’alternative, son explosion se fera