Dans son dernier rapport consacré à la situation de l’assurance chômage dont le déficit devrait atteindre 18,5 milliards d’euros en 2013, la Cour des Comptes ouvre avec fracas l’un des débats les plus anxiogène qui soit dans une France qui compte 4,5 millions de demandeurs d’emploi à la recherche d’un job à temps plein : à savoir, la capacité de ces caisses à verser, à moyen terme, leurs allocations aux chômeurs. Chômeurs que quelques politiques sans vergogne accusent déjà de tirer au flan bien que moins de la moitié d’entre eux soient indemnisés…
Toutefois en s’alarmant, à juste titre, du fait que l’endettement de l’Unedic ait été multiplié par deux en trois ans, les magistrats de la Cour des Comptes se gardent bien de décrypter l’hypocrisie des arbitrages qui ont produit cette situation délétère.
Ils déplorent certes que la France ait abordé la crise avec « des instruments de politique de l’emploi parfois obsolètes, dont l’efficacité s’est révélée décevante» et cinglent plus précisément l’incapacité du gouvernement de François Fillon à réformer, avant 2009, l’indemnisation du chômage partiel trop complexe et deux fois moins incitative pour les entreprises en France qu’en Allemagne où ce dispositif a permis de maintenir 1,5 million d’emplois contre seulement 229 000 dans l’Hexagone.
Mais ils ne rappellent pas que cette funeste erreur a été commise cyniquement…pour ne pas plomber le budget de l’Etat et aggraver les déficits de l’assurance chômage. Puisqu’en 2007 encore, avant l’explosion de la crise, le Medef et les employeurs espéraient bien réduire leurs cotisations à cette caisse...
Quelques paragraphes plus loin, c’est encore en s’abstenant de souligner tout lien de cause à effet avec ce sous recours au chômage partiel, que les Sages de la rue Cambon épinglent le principal effet de la principale flexibilisation du marché du travail tricolore : l’explosion de l’indemnisation des chômeurs au titre de l’« activité réduite » (en 2012, 45% de la totalité des chômeurs ont alterné courtes missions et période de chômage). Et suggèrent au gouvernement d’empêcher que cette indemnisation ne devienne un complément de revenu destiné à des salariés durablement précaires…
Ce manque de mise en perspective est d’autant plus regrettable qu’en 2013, nous ne sommes toujours pas sortis de cette superbe hypocrisie. Ainsi alors que le chômage partiel aurait dû être, comme en Allemagne où il vient d’