par Marguerite
Il y a quelques jours le tribunal de Cologne, en Allemagne, condamnait la circoncision pour motifs religieux. Ce qui l’interdit donc de fait. Nombreux sont pourtant ceux qui la recommandent dans la lutte contre le sida.
À l’origine de cette décision, un problème médical : un petit garçon de quatre ans victime d’une hémorragie quelques jours après sa circoncision. Le tribunal a donc jugé condamnable cette pratique « provoquant des lésions corporelles dangereuses » dès lors qu’elle est effectuée pour des motifs religieux. Qu’importe alors le consentement des parents, le tribunal estimant que « le droit fondamental de l’enfant à l’intégrité physique l’emporte sur les droits fondamentaux des parents. » Dès lors, la circoncision ne pourra être pratiquée que sur des individus aptes à choisir leur orientation religieuse.
D’où cette question : à quel âge acquiert-on cette aptitude ? Est-ce l’âge adulte, celui de la majorité civique, ou bien cet âge qu’on appelait autrefois “de raison” (sept ans) ? La Cour ne le dit pas.
Passons sur le fait que cela exclut d’emblée les enfants ayant reçu la grâce d’une foi ou d’une vocation précoce, le sentiment religieux n’étant manifestement, pour les gens de loi, qu’une leçon apprise parmi d’autres.
Cette décision de justice a, on s’en doute, déclenché de vives réactions dans les communautés juive et musulmane, les premières en nombre à pratiquer ce rituel considéré comme primordial pour beaucoup.
Ce qui étonne le plus, dans ce verdict, est finalement son ambiguïté. En effet, si interdire la circoncision pour des motifs religieux est aussi simple que radical, on se demande où se trouve la limite pour le “médical”. S’agit-il seulement d’autoriser l’opération des enfants souffrant d’une malformation (phimosis, par exemple), ou bien peut-on accéder à toute demande dès lors qu’elle s’habille de motifs hygiénistes ? De même, il serait bien intéressant de savoir quels sont les réels mobiles et motifs des juges allemands : est-ce le souci de prémunir les populations contre des accidents sanitaires (dans ce cas, il serait également intéressant de connaître la proportion de circoncisions “ratées”), ou bien est-ce une réponse au courant militant, aux États-Unis notamment, « pour l’intégrité génitale, ou “intactiviste”, qui assimile la circoncision à une mutilation sexuelle » ?
C’est là où il est instructif