Le CEF comme dernière solution à la taule pour les mineurs ? Un rapport d'évaluation, commandé cet été par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, à l'Inspection générale des affaires sociales et l'Inspection générale des services de la justice, vient d'être remis Place Vendôme le 1er février. Il doit dire notamment si ces établissements qui allient contraintes, éducation et réinsertion sont un bon outil pour traiter des populations de jeunes multirécidivistes ou primo-délinquants graves et si leurs résultats justifient un coût de fonctionnement exorbitant : 640 e par tête et par jour.
Jusqu'à une date récente, le consensus semblait assuré dans l'univers des 44 CEF nationaux qui accueillent 485 mineurs de 13 à 18 ans, garçons et filles, avant ou après jugement, mis à l'épreuve ou en peine de substitution. Une fois n'est pas coutume, Nicolas Sarkozy et François Hollande, en campagne, étaient d'accord pour les développer. Jusqu'à ce que - patatras ! - le 7 août dernier, presque dix ans après leur création, en septembre 2002, par Dominique Perben, Christiane Taubira remette tout en question dans une interview à Libération :«Personnellement, je suis sensible au milieu ouvert pour une réalité simple : 80 % de non-récidive. [...] Il faut sortir du fantasme CEF. Il faut arrêter de dire que c'est "la" solution.» «Conception naïve de la justice !», «Fossoyeur de l'autorité judiciaire !», les snipers de la droite sécuritaire avaient dégainé dans la foulée.
Comme à la naissance des CEF, la surpolitisation est venue pourrir un débat qui mériterait plus de hauteur. «L'état d'une société se juge aussi par le traitement judiciaire qu'elle réserve à ses mineurs», commente Christine Lazerges, professeur à l'université Paris-I et ex-conseillère de Lionel Jospin. L'ancie