Refoulé, le passé surgit à la lumière d’un hasard, d’une
rencontre et rejoint les méandres de la mémoire. A travers cette trame simple et pourtant si complexe, la réalisatrice israélienne Michal Aviad (Ramleh, For my children) signe un
film hybride, Invisible, à la fois fiction et documentaire, dont le viol autant que le conflit israélo-palestinien sont les fils d’Ariane.
Qui est le minotaure ? Cet homme sans visage qui,
entre 1977 et 1978, viola seize jeunes femmes à Tel Aviv ? Ou la société sourde à leur douleur, étouffée dans le silence et les conventions ? Le labyrinthe est étroit, la sortie
pourtant proche. Nira (Evgenia Dodina), réalisatrice à la télévision et Lily (Ronit Elkabetz), militante pour la cause palestinienne, reviennent sur les traces de leur viol, d’un monstre
qui a englouti leur corps et leur désir.
Comment mettre en scène la douleur sans la trahir, à cet
enjeu la réalisatrice répond avec finesse, en la suggérant par les symboles. La lumière, les plans serrés, les dialogues lacunaires, tout chante la fêlure invisible, métaphorique,
transcandée par la résilience des deux jeunes femmes. Comment se reconstruire alors que les ruines fument encore ?
Si la réalisatrice Michal Aviad pose la question, elle n’apporte pas de réponse. De même qu’au conflit israélo-pale