Le dernier échec d'un tir d'essai d'un missile balistique remontait
à 1996 depuis le sous-marin de la Force océanique stratégique française (FOSF), Le Triomphant. C'est vous dire si l'autodestruction du M51, une minute après son déclenchement
par Le Vigilant, dimanche à 9 h 32, dans la baie d'Audierne au sud de la pointe de Penmarc'h dans le Finistère, est un avatar peu courant.
Seulement, au-delà d'un incident technique à 120 millions d'euros pièce (le prix du monstre mer-sol), le concept de la dissuasion nucléaire française repose sur la crédibilité intangible de la réponse...
Depuis soixante ans, une grande partie de l'autonomie de la sécurité de la France repose sur la dissuasion nucléaire (20 % du budget de la Défense si on compte les moyens des composantes sous-marine et aérienne). C'est LA garantie ultime qui doit faire réfléchir et donc dissuader tout agresseur potentiel.
Mais ce concept repose sur des obligations qui n'ont rien de théorique : la permanence (un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins est toujours en mer, prêt, quelque part) et la crédibilité. C'est-à-dire qu'un ennemi doit être convaincu à 100 % de l'efficacité de la réponse défensive et apocalyptique française en cas de conflit majeur.
Or si un tir d'essai se révèle être un échec, c'est notre dissuasion tout entière qui perd fatalement un pan de sa crédibilité. L'affaire de dimanche au large de la Bretagne va en somme bien au-delà d'un incident technique dommageable et coûteux.
Sur Le Terrible depuis 2010
Pour l'instant, le missile balistique M51, à six têtes nucléaires (56 tonnes, 12 m, 2,30 m de diamètre), n'est en service que sur le seul SNLE Le Terrible depuis juillet 2010. Il est en test sur Le Vigilant, comme ce fut le cas dimanche et doit à terme équiper Le Triomphant et Le Téméraire, fidèles pour l'heure au M45, deux fois moins puissant (tout de même 35 fois la puissance d'Hiroshima contre 60 fois) et à la portée de 6 000 km contre environ 9 000 pour son successeur.