« Ils » nous ont copieusement rebattu les oreilles avec le « modèle allemand »,
supposé mille fois meilleur que le français, car tout est toujours meilleur que le modèle français, étriqué, rabougri et archaïque – forcément archaïque.
Le « modèle allemand », on en a eu partout et tout le temps, de midi à minuit et de la cave au
grenier. Ah ! La bonne vieille modération salariale germanique, permise par cette si « raisonnable » discipline rhénane dont les salariés français devraient prendre de la
graine, eux qui sont « cramponné à leurs avantages acquis », comme disent des « spécialistes » désintéressés, qui ne défendent jamais, pour ce qui les concerne,
aucun avantage !
Jusque là, le modèle espagnol, lui, faisait plutôt figure de repoussoir. Pendant la campagne
présidentielle, Nicolas Sarkozy -
n’osant tout de même pas exhumer la menace des chars russes sur les Champs-Élysées - prédisait même, la miné dégoûtée, un « scénario à l’espagnole » si la gauche l’emportait.
Pourtant, depuis quelques semaines, par un de ces extraordinaires retournements de situation dont on
croyait seuls capables l’UMP déliquescente et les films de James Bond, on sent advenir le moment où « ils » vont nous faire le coup de l’Espagne.
Les médias ont tranquillement préparé le terrain, notamment avant l'ouverture du sommet européen des 22
et 23 novembre sur le budget de l'Union, sommet qui vient d'ailleurs d'échouer pour cause « d'égoïsmes nationaux », comme il convient de les nommer sottement. Avant le sommet, donc, on nous
annonçait cette incroyable nouvelle : « l'Espagne a intégré le club des pays les plus riches de la zone euro ».
Et oui : alors qu’ils sont aux prises avec une crise effroyable, alors même que Mariano Rajoy se
tâte tant est plus pour savoir s’il va solliciter auprès de ses partenaires un plan de sauvetage du pays, les malheureux ibères risquent fort de devenir prochainement « contributeurs
nets » au budget de l’Europe. C'est-à-dire d’avoir à cotiser plus qu’ils ne recevront d’aides. Quel honneur ! Une belle victoire remportée sur la Roumanie !
Mais ce qui fait le plus gloser, par ces temps très marqués par la thématique de la compétitivité, ce sont les performances
de l’industrie espagnole, dont on nous chante les louanges d