Laurent Pinsolle : Chypre cèdera-t-il au blocus de la BCE ?
Comme le
rapporte Jacques Sapir, un événement grave a eu lieu hier. Le blocus est un acte qui peut s’assimiler à un acte de guerre et la BCE vient de décider de mettre le couteau sous la gorge de
Chypre après le vote négatif du Parlement. Un
bras de fer révélateur et dangereux.
Le diktat tyrannique de la BCE
La décision de la Banque Centrale Européenne est sans
précédent. Certains pensaient que les chypriotes avaient gagné la partie de poker menteur lundi soir et que Mario Draghi n’oserait jamais couper les fonds aux banques de l’île, au risque
d’asphyxier son économie. Mais non, le président de la BCE a décidé de réagir vivement au
refus du « plan de sauvetage » concocté par les
eurocrates et le gouvernement en posant un ultimatum aux dirigeants de l’île pour qu’ils se soumettent.
Il faut dire que les eurocrates ont toujours pu imposer leur volonté. La France et les Pays-Bas
disent non au TCE ? Les parlements votent la copie conforme. L’Irlande le refuse ? Elle doit revoter. Le premier ministre grec veut faire un référendum sur le plan ? Il est démis de ces fonctions et remplacé par un pion
bien docile. Berlusconi se fait trop remuant ? Lui-aussi est démis et remplacé par un autre pion. Bref, les eurocrates ont l’habitude de passer outre la volonté des peuples, des élus ou
des dirigeants. Cela est encore plus choquant avec la BCEcar elle n’est responsable devant personne.
Ce faisant, cela montre que quand elle le veut vraiment, l’UE peut taper du poing sur la table.
Alors pourquoi ne l’a-elle pas fait pour mettre fin au dumping fiscal de l’Irlande lors de la négociation du plan de soutien ? Et pourquoi ne le fait-elle pas avec Chypre aujourd’hui, qui
doit monter son impôt sur les entreprises de 10 à seulement 12,5% ? En réalité, cela montre que l’UE tolère, voir même accepte complètement l’existence de parasites fiscaux sur son
territoire.
L’euro, enjeu d’une partie de poker
L’enjeu des négociations en cours et des annonces des acteurs de cette crise est colossal.
En effet, c’est bien le maintien de Chypre à court terme dans la zone euro qui est en jeu. Si la BCE poursuit son blocus et que Nicosie refuse de plier, alors les chypriotes n’auront pas d’autres
issues que d’entamer une sortie de la monnaie unique, ou éventuellement, d’émettre des euros qui seraient alors échangés avec des partenaires en dehors de la zone euro, comme dans
l’ex-URSS.
Le pari du bras de fer lancé par les eurocrates est que les chypriotes finiront par céder, comme
tous les gouvernements auparavant, dont certains, en Grèce notamment, n’hésitent pas à torturer leur peupl
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