Il y a donc ceux qui se désolent du potentiel licenciement de Zemmour, et ceux qui saluent la putative décision de RTL. A bien y réfléchir, la question est-elle vraiment de savoir qui est « gentil » et qui est « méchant » ? Ne peut-on s’accorder sur une réponse de cet acabit : « virer Zemmour, avant, pourquoi pas, maintenant sûrement pas » ?
Virer Zemmour, avant, donc, pourquoi pas ? Même si ce n’est pas très charitable, rappelons qu’RTL est une entreprise privée. Par ailleurs, la radio aurait eu des raisons, même si ce ne sont pas forcément celles que l’ont croit au premier abord.
Certes, le futur congédié, quoique bigrement intelligent, est passablement fatigant. Il radote, il ratiocine, il tourne en boucle. Car Zemmour campe sur une niche : celle du « non politiquement correct », de la pensée anti-conforme, du contrepied systématique. Or, s’il demeure le meilleur compétiteur, il n’est pas le seul à pratiquer ce sport. L’éditorialiste ayant fait quelques émules, dont certains sont atteints de psittacisme anti-bien-pensance, cela finit par ennuyer.
La pensée « hors des clous » est devenue une doxa, une infinité de mantras, un catéchisme. A cet égard, Romain Pigenel a raison lorsqu’il pointe la « banalisation » du discours de zemmourien : « le paradoxe du zemmourisme est que son succès mine ses fondements. C’est un secret de polichinelle : la prétendue pensée unique (…) est de moins en moins unique et de moins en moins répandue ». En revanche, le blogueur prend un risque lorsqu’il nous met au défi : « pourriez-vous citer un équivalent progressiste, en terme de présence médiatique et de popularité, d’Eric Zemmour ? ».
Car oui, nous pouvons en citer. Nous pouvons en citer beaucoup. Les catéchumènes de la « bonne » pensée conforme sont, en proportion, bien plus nombreux que ceux de la tout aussi conforme « unpolitically correctness ». Simplement, on ne s’en rend même plus compte, ce qui est très dommageable pour notre esprit critique.
Ainsi, si l’on congédie Zemmour parce qu’il est urticant, il est d’autant plus urgent d’envoyer Alain Duhamel profiter des joies d’une retraite méritée, Jean-Michel Aphatie prendre de (nombreux) cours d’économie et d’offrir à Caroline Fourest un (long) stage d’étude des fondamentalismes et idéologies liberticides sévissant au Sud-Katanga.
Ce n’est pas parce qu’il est clivant, donc qu’il faut crier haro sur Eric Zemmour. D’autant plus que c’est très exactement pour cela qu’on le paie. Ce pas non plus parce qu’il dit des choses estampillées « nauséabondes » par des gens qui semblent rudement bien s’y connaître.
Il est misogyne ? Si c’est vrai, c’est triste pour lui. En général, les misogynes – les vrais – sontsoit des brutes décérébrées - ce qui n