
Trois ans après la fermeture de l’usine ArcelorMittal de Gandrange, les 150 (sur 571) salariés
reclassés sur le site du groupe indien à Florange affrontent à nouveau la perspective d’un (bien mal nommé) plan social. Par un écoeurant renversement des rôles, l’entreprise a adressé une sorte
d’ultimatum au gouvernement français : un repreneur doit être trouvé avant à la date butoir du 1er décembre. On peut douter de la capacité de réaction d’un Etat qui, depuis trente ans, se
dépossède de tous ses moyens d’action au profit de « marchés », par définition insaisissables et indéfinissables. Pourtant dépositaires de l’intérêt général, les autorités publiques ne
cessent de se couper les ailes, comme si elles se méfiaient d’elles-mêmes. Elles se montrent même incapables de réclamer aux entreprises qui en ont bénéficié le remboursement des aides publiques
versées pour maintenir l’emploi.
Dans sa conférence de presse du 15 novembre, le président François Hollande a confirmé que l’Etat n’était pas le mieux placé pour gérer les affaires économiques et a offert aux entreprises un
crédit d’impôt de 20 milliards d’euros. Finalement, les Etats se passent eux-mêmes une sorte de camisole de force sur le dos pour ensuite protester de leur impuissance devant des populations
assaillies par les inégalités sociales. Cette situation, souvent tragique pour ceux qui pâtissent de la crise, tourne parfois au ridicule, comme lorsque que la France n’a plus les moyens de «
désamianter » le porte-avions Clemenceau qui se trouve réduit à errer de port en port.
Déjà, il y a quarante ans, en 1973, une loi rédigée par le ministre des finances de l’époque Valéry Giscard d’Estaing interdisait