Dès lors, on pourrait conclure que le clivage qui compte est bien celui entre les libertaro-mondialistes et les ordo-souverainistes. Mais cette deuxième famille est profondémentcoupée en deux, comme me l’ont montré plusieurs discussions récentes. En effet, le retour à la nation et à un certain ordre (autant économique que social) n’ont pas du tout les mêmes motivations pour les deux familles de l’ordo-souverainisme, les identitaires et les progressistes.
Les deux familles de l’ordo-souverainisme par Laurent Pinsolle
Une partie de la classe politique, des médias, et même de ses sympathisants pratiquent l’amalgame entre
les souverainistes. Pourtant, il y a des différences fondamentales entre deux grands courants.
Dès lors, on pourrait conclure que le clivage qui compte est bien celui entre les libertaro-mondialistes et les ordo-souverainistes. Mais cette deuxième famille est profondémentcoupée en deux, comme me l’ont montré plusieurs discussions récentes. En effet, le retour à la nation et à un certain ordre (autant économique que social) n’ont pas du tout les mêmes motivations pour les deux familles de l’ordo-souverainisme, les identitaires et les progressistes.
Ordo-souverainisme et libertaro-mondialisme
Le terme « souverainiste » n’est pas sans poser de gros problèmes dans l’analyse de
l’offre politique. En effet, il recouvre des personnes complètement différentes. Il est autant applicable au régime communiste de la Corée du Nord qu’aux conservateurs ultralibéraux de
Grande-Bretagne. En fait, il n’est qu’une composante des idées politiques d’un courant et ne saurait être le seul adjectif utilisé pour l’analyser, à moins de réaliser une étude très
superficielle du courant concerné.
Malgré tout, l’opposition souverainiste / mondialiste a un sens aujourd’hui. Aujourd’hui, le PS,
l’UMP, le Modem et les Verts (et dans une certaine mesure le PG et le NPA) sont clairementdes mondialistes, qui ne voient plus dans le cadre national le cadre naturel de
l’exercice du pouvoir, qu’ils préfèrent faire glisser dans des cénacles supranationaux. Au global, les mondialistes sont en général plutôt libéraux alors que les souverainistes sont plus
sensibles à l’ordre.
Comme le souligne Frédéric Lordon : « en appeler à un gouvernement mondial est le plus sûr
moyen d’avoir la paix, à savoir pas de gouvernement du tout ». En effet, la libéralisation conduit à la mondialisation, qui, elle-même favorise la libéralisation. En fait, toutes deux
organisent l’absence de prise des gouvernements sur le réel. Au contraire, les ordo-souverainistes pensent que le maintien du cadre national est essentiel pour la démocratie et que les peuples
gardent leur destin en main.
J’ai adopté le terme « libertaro » plutôt que « liberalo » car il y a
un profond refus des règles, des entraves à la circulation des biens, des personnes et des capitaux de la part des mondialistes, qui me semble davantage relever du
libertarisme que du libéralisme (ce qui permet d’y intégrer la gauche de la gauche). Naturellement, il y a plusieurs tendances : sociaux, libéraux, interventionnistes ou identitaires. Mais les
deux derniers feignent d’ignorer la contradiction avec leur mondialisme…
Les deux ordo-souverainismes : identitaires contre
progressistes
Dès lors, on pourrait conclure que le clivage qui compte est bien celui entre les libertaro-mondialistes et les ordo-souverainistes. Mais cette deuxième famille est profondémentcoupée en deux, comme me l’ont montré plusieurs discussions récentes. En effet, le retour à la nation et à un certain ordre (autant économique que social) n’ont pas du tout les mêmes motivations pour les deux familles de l’ordo-souverainisme, les identitaires et les progressistes.
En effet, il suffit de discuter un peu longuement avec des militants de ces deux familles pour
distinguer une profonde fracture entre les deux. Les ordo-souverainistes identitaires sont principalement motivés par la protection de leur identité, qui serait menacée par des flux d’immigrés
aux cultures différentes. Cette prédominance des questions identitaires explique qu’ils réunissent à la fois des libéraux et des dirigistes sur les questions économiques. En
France, ils sont dans un réduit limité.
A l’inverse, les ordo-souverainistes progressistes sont motivés par les questions économiques et
sociales. Ils voient dans la mondialisation néolibérale la cause d’une explosion des inégalités, du chômage de masse, d’une nouvelle forme d’exploitation des masses et d’un affaissement
de certaines valeurs. Parce qu’ils sont attachés à la nation, les ordo-souverainistes progressistes sont aussi attentifs aux questions d’identité, mais pas de la manière volontiers xénophobes
des identitaires.
On reconnaîtra dans les identitaires le FN et le MPF et dans les progressistes DLR et le MRC.
Cela exp
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