« La flamme de la résistance ne doit pas d’éteindre, et ne s’éteindra pas ». Toutes les armes étaient présentes à la commémoration ; les Paras de l’UNP étaient en nombre, beaux, fiers, droits, dans leur tenue d’été blanche qui faisait ressortir d’autant mieux les bérets rouges. Certains comme votre serviteur buvaient du petit lait en écoutant une adolescente lire le message du Général de Gaulle ; d’autres paras ne voyaient que le Général qui avait trahi l’Algérie française. Tandis que nous supportions aisément notre chemisette, nous vîmes face à nous les marins engoncés, dans la chaleur torride, dans leur costume d’apparat noir. Tant et plus que l’un d’entre eux ne tarda pas à tourner de l’œil. Pas un ne ciller parmi nous, quand on entendit dans nos rangs un murmure ironique et compatissant « c’est fragile un marin ».
La commémoration perdurait quand, après le salut aux drapeaux, Monsieur le Préfet s’arrêta de façon inhabituelle devant l’Harmonie municipale. Il souriait, semblait apprécier et esquissait même un applaudissement une fois le morceau terminé. Puis, tournant les talons, il fit une diagonale pour rejoindre sa place. A côté de l’harmonie, la section de Mâcon de l’Union Nationale des Parachutistes, nous. Notre président, comme avec tous les préfets précédents, allait lui présenter ses hommages et les effectifs sur les rangs, esquissant un coup de raquette (salut militaire), lequel à peine ébauché resta en suspens et dans le vent. Chacun d’entre nous regardait son voisin et tous lisaient dans les yeux de l’autre les mêmes sentiments d’incompréhension et de désarroi…
Ce fut donc furieux que nous nous remettions au garde à vous quand le responsable du dispositif, un marin, vint présenter les effectifs d’active au Préfet. « Repos ! Rompez les rangs, vos pouvez fumer ! ». Les rangs furent rompus avec un sentiment d’amertume, que nous n’avons oublié que devant un verre, béret sur l’épaule.
Mais une question me vient à l’esprit : impair ou volonté délibérée ?...