« Service national ». C’est comme les prisons : toute personne conséquente estime que c’est nécessaire, mais personne ne veut en voir se construire une devant son jardin. Chacun s’accorde à dire que ce fut utile, et les jeunes veulent bien en convenir, mais aucun ne désire le faire.
Pourtant, pourtant, dans pléthore de contrées en France, faire ses conscrits était un rite de passage à l’âge adulte, et faire son service militaire était devenir homme.
Le conscrit était une main-d’œuvre pas chère en cas de catastrophe naturelle. On nous dit que néanmoins l’armée de conscription coûtait cher, trop cher. Mais pourquoi ? Parce qu’elle était inefficiente, inefficace mais surtout mal employée, et ne se rendait pas attractive ; et de ce fait le troufion coûtait cher, d’autant plus qu’il n’avait pas plaisir à le faire quand il devait interrompre une vie professionnelle commencée depuis peu, ou des études.
Il fallait donc non pas suspendre le service national, mais le réformer. En effet, n’oublions pas qu’il n’a pas été aboli mais suspendu. De plus, la conscription était non pas un miroir de notre société, mais LE miroir de la sociologie de notre Nation en général, et de son instruction et savoir en particulier. Elle permettait aussi le brassage social. Le gueux côtoyait le nanti, le nanti partageait sa chambre avec le gueux, le nanti passait le balai pendant les TIG, le gueux pouvait commander au nanti. Car il ne faut pas croire, il y avait bien quelques fils de qui passaient à côté du service grâce à quelques relations ; mais ce n’était ni la majorité, ni la plupart, ni un nombre certain, ni un certain nombre, ni même quelques-uns mais une infime minorité.
Il nous a été donné de voir un para avec un 2 de NG (niveau général) qui pliait du parachute la journée et faisait des cours d’instruction le soir. Certes, au sortir du service national il ne faisait pas la dictée de Pivot ; mais il était à même d’écrire ses nom et prénom et transcrire un courrier, déchiffrer une lettre, ce qu’il était bien incapable de faire à son arrivée, pendant les classes. Ces classes, deux mois de sa vie où le conscrit allait jusqu’au bout de lui-même, tendait au dépassement de soi, apprenait l’abnégation, le partage, la vie en groupe et en société, la hiérarchie, l’obéissance, enfin payait un impôt citoyen à la Nation.
Chacun et tous avaient la possibilité la plupart du temps, s’ils le désiraient, de rendre leur service militaire attractif en choisissant leur arme, voire leur affectation pour peu qu’ils choisissent des armes où il y avait besoin et demande comme les Troupes aéroportées, les commandos de l’air…Ils avaient le choix de ne pas subir et de ne pas passer, en caricaturant, 12 mois à balayer la cour d’un centre de recrutement.
Aujourd’hui, des états de l’europe du Nord non seulement ont une armée de conscription en plus d’une armée de métier, mais en plus viennent de rendre la première obligatoire pour les femmes.
Face à la perte des valeurs et des repères, une reprise en main de la jeunesse de France ne passe t elle pas par le rétablissement d’un service national mixte obligatoire d’un an minimum ?...
Que la Force soit avec vous, salut et fraternité.